dimanche 13 septembre 2009

livre-cadenassé

verglas

chant du bourreau


jardin urbain énigmatique



Notes sur le cadenas-livre ou livre-cadenassé
(dont il est le seul à avoir la clé) de RINO DUBÉ

L’œuvre de Rino Dubé reste conventionnelle et se différencie peu d’une œuvre classique. Dans la mesure où elle est toujours accompagnée d’une date et d’une signature.
J’apprécie Rino Dubé parce qu’il déclare que l’art ne l’intéresse pas et qu’il fait de cela un art.
Toute restriction du champ de la peinture a un champ spécifique, de couleur, nature, espace, est régressive parce que restrictive par cela même qu’elle bloque, limite le seul but de la peinture qui n’est pas « peinture » mais « création-invention ». Ainsi, dès qu’il apparaît, le cadenas-livre ou livre-cadenassé crée une situation de connaissance qui va modifier les champs de possibilités postérieurs à deux niveaux différents :1) en débloquant tout un champ de variations possibles par rapport à lui-même ; 2) en portant cet art (nouveau) à un niveau à partir duquel il ne doit plus redescendre.
La situation Rino Dubé est donc contenue dans les attitudes non-art, anti-art, vérité-art. Au premier abord, tous ces concepts paraissent absurdes, je dirais même un non-sens : un art qui ne veut pas être de l’art n’est pas de l’art. Et pourtant, après le « tout est art » la création ne peut venir que de ces attitudes.
D’après moi, que son créateur l’ait voulu ou non, que ses amis peintres le veuillent ou pas, l’arrivée du cadenas-livre ou livre-cadenassé sur la scène de l’art réalise la coupure : tout est art. Cette coupure transporte la peinture dans la non-peinture. Et s’ouvre le débat qui se situe alors autour de la notion de : champ spécifique (le cadenas-livre ou livre-cadenassé n’est pas de la peinture). Pour moi, la peinture n’étant pas un but en soi, elle n’a pas de champ spécifique autre que celui contenu dans l’intention de son créateur qui le place dans une situation dans laquelle il est en compétition.
La peinture peut donc, pour Dubé, depuis le livre-cadenas ou livre-cadenassé devenir a-peinture, non-peinture, pas-de-peinture.
L’art est un savoir qui amène à percevoir le monde autour de nous. Le cadenas-livre ou livre-cadenassé est ni objectif ni subjectif. Il est le trou noir d’une expérience dans laquelle objectif et subjectif ont si bien coopérés qu’aucun des deux n’a d’existence propre. Ce que l’on apprend de cadenas-livre ou livre-cadenassé dépend de nos buts, de notre situation, et est toujours « actif » et pertinent pour une expérience vécue de la compréhension de notre monde. Rino Dubé est un postmoderne patenté.

Jacques Deshaies 2007, Montréal

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